Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/318

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Dit un brochet : perfide engence,
Sans cesse ici nous nous mangeons ;
Moi, mes enfans ; vous, les goujons ;
Et les goujons quelqu’autre espéce.
Malheur aux plus petits : c’est le dîné des gros,
J’en dis ma coulpe, et le remords me presse ;
Nous avons allumé les célestes carreaux.
Retire ta main vangeresse,
Jupiter ; fais-nous grace, et nous te promettons
De n’être plus inhumains ni gloutons.
Le feu cessa pendant la répentance ;
La peur s’évanouit, et l’appétit revint.
Chacun alors ne se souvint
Que d’aller chercher sa pitance.
Leur vœu d’humanité souffrit bien du déchet.
Le brochet pénitent déjeuna d’un brochet.