Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/320

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Pour céder à leurs visions.

Non, il n’est point d’espéce plus mauvaise
Que l’espéce de pere, insiste l’ecolier.
Et Martin soûtenant sa thése,
Pour les maîtres veut parier.
Aussi long-tems qu’ensemble ils demeurerent,
Ce fut leur unique entretien.
Mais enfin ils se séparerent ;
Chacun fit route à part. Martin acquit du bien,
D’emplois en emplois fit si bien
Qu’il devint financier lui-même ;
Eut des maisons ; que dis-je ? Eut des palais ;
Table exquise et d’un luxe extrême,
Grand équipage, et peuple de valets.
L’ecolier d’autre part hérite de son pere ;
Augmente encor ses biens ; prend femme ; a des enfans
Le temps coule ; ils sont déja grands :
Martin devenu riche, il le fit son compere :
Aussi bons amis qu’autrefois ;
Ils raisonnoient encor. Quelle étoit leur matiere ?
Les valets, les enfans. ô la pésante croix,
Dit monsieur de la martiniere,
(car le nom de Martin étoit cru de trois doigts ; )
Quel fardeau que des domestiques !
Paresseux, ne craignant ni menaces, ni coups,
Voleurs, traîtres, menteurs, et médisans iniques,
Ils mangent notre pain et se mocquent de nous.
Ah ! Dit le pere de famille,
Parlez-moi des enfans ; voilà le vrai chagrin.