Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/324

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LA RAVE

Un jardinier trouvant une rave fort grosse,
Entre les raves vrai colosse,
Dans sa surprise va songer
Qu’il en doit faire hommage au roi de la province.
Tout de ce pas il court offrir au prince
Le phénomene potager.
Sire, pardon de la licence ;
Cette rave, dit-il, est cruë en mon jardin ;
Et j’avions de vous voir si grande impatience
Que j’ons pris, comme on dit, l’occasion au crin.
Je sçavons bien que ce n’est pas grand’chose ;
Mais je sçavons aussi que votre majesté
En revanche a de la bonté :
Si je vous l’offrons, c’est à cause
Qu’elle vous appartient par droit de rareté :
Telle rave, tel roi. Dieu vous doit la santé.
Du bon manant telle fut la harangue.
Le roi prit plaisir à sa langue ;
À son zèle encor plus : il reçut le présent.
Mais c’étoit peu de l’accueil complaisant ;
La royale magnificence
Prisa la rave