Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/361

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LE PYRRHONIEN

Un des disciples de Pyrrhon,
Obstiné partisan du doute,
N’assuroit rien, hésitoit sur son nom,
Doutant même s’il est sans que cela lui coûte.
Ce philosophe donc dans le doute affermi,
Et tout fier de son ignorance ;
Se promenant un jour avec un sien ami
Dont il lassoit la patience,
Le lieu charmant ! Disoit l’homme sensé ;
Je n’en sçai rien, disoit le philosophe.
Quoi ! Ne trouvez-vous pas ce château bien placé ?
Reprenoit l’autre ; à l’apostrophe,
Le docteur ne rendoit qu’un peut-être glacé :
Nouveau discours, nouveau peut-être ;
À chaque question, toûjours je n’en sçai rien.
Vous êtes fou, je croi, disoit l’ami ; mon traître,
Répondoit fierement, cela se pourroit bien.
Pendant cet entretien bisarre ;
Un char sur leur chemin venoit au grand galop ;
Le cocher du plus loin s’écrioit ; gare, gare ;
Retirons-nous : pourquoi ? Bon, vous le voyez trop ;
Ce char… est-il des chars ? Eh que diable, il s’approche,