Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/93

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Là gisent le travail et le penser profond,
L’ardeur de s’élever, la peur de la disgrace,
Même les bons conseils que le hazard confond.
Malheur à ceux que ce poids-ci regarde,
Cria nôtre homme ! Et que le ciel m’en garde ;
À d’autres. Il poursuit ; prend et pese toûjours,
Et mille et mille sacs trouvés toûjours trop lourds :
Ceux-ci par les égards et la triste contrainte ;
Ceux-là par les vastes desirs ;
D’autres, par l’envie ou la crainte ;
Quelques-uns seulement par l’ennui des plaisirs.
Ô ciel ! N’est-il donc point de fortune legere ?
Disoit déja le chercheur mécontent :
Mais quoi ! Me plains-je à tort ? J’ai, je crois, mon affaire ;
Celle-ci ne pese pas tant.
Elle peseroit moins encore,
Lui dit alors le dieu qui lui donnoit le choix :
Mais tel en joüit qui l’ignore ;
Cette ignorance en fait le poids.
Je ne suis pas si sot ; souffrez que je m’y tienne,
Dit l’homme : soit ; aussi bien c’est la tienne,
Dit Jupiter. Adieu ; mais là-dessus
Apprends à ne te plaindre plus.