Page:Houde - De cinq à sept, comédie en un acte, Revue Moderne déc 1924.djvu/7

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FRED :

Tu en as de bonnes ! mes valeurs de bourse, la belle affaire ! elles sont à la baisse depuis des mois et des mois ! tout ce que j’avais en argent liquide a suffi à peine à marginer de quelques points et aujourd’hui, l’agence Bryant & Dunn annonce un nouveau soubresaut de dix points… c’est la dégringolade ici comme en Russie, je suis lavé, foutu.

ANDRÉ :

Et les amis, as-tu essayé ?

FRED :

Les amis, les amis, mon vieux, on peut calculer la valeur de leur amitié à l’argent dont on peut disposer ; acculé à la ruine fatale, tu n’as plus d’amis…

ANDRÉ :

Oh ! tu es injuste ! moi, si je pouvais, je t’assure, ce serait de grand cœur.

FRED :

Oui, je sais, je te demande pardon… aussi n’est-ce pas pour cela que je t’ai fait venir… André ! j’ai décidé d’en finir, la mort me semble le seul moyen propre et rapide de tout effacer…

ANDRÉ :

Voyons ! Fred ! mon vieux, tu n’y songes pas sérieusement ?

FRED :

Tu vois, j’ai tenté l’impossible sans résultat aucun ; voici une lettre que j’ai écrite avant ton arrivée, elle contient mes dernières