parla de son nouveau serviteur. Le commandant l’écouta avec une certaine incrédulité jusqu’à ce que le nom de Degarde étant prononcé, il appela Armand Papillon.
— Cherche, dit-il, la déclaration de l’imbécile de cuisinier à qui nous avons fait subir hier un interrogatoire, et vois si le nom de Degarde n’y est pas mentionné.
Papillon lut le passage suivant :
« Le dit comparant déclare qu’il a fait la sauce du dit estourgeon, après avoir mangé duquel mon dit noble maître s’est trouvé indisposé, et qu’il a acheté les ingrédients et les herbes employés dans la dite sauce d’un herboriste ambulant connu de plusieurs sous le nom de Degarde, et qui s’appelait ce jour-là Jean Bonhomme. »
— C’est évidemment, dit M. Bégon, l’ancien maître de votre homme. Faites-le venir ici.
Taillefer, amené devant le commandant, raconta de nouveau son histoire avec aplomb.
— Il peut se faire, reprit M. Bégon, que vous soyez envoyé par mes ennemis pour terminer la criminelle besogne qu’ils ont commencée, mais prenez-y garde ! Si votre remède tourne mal, vous pourrez vous en repentir.
— Ce serait agir avec rigueur, illustre monsieur, car la guérison, comme la mort, est dans les mains de Dieu. Cependant, je consens à en courir les risques.
— Eh bien ! ajouta le commandant, donnez-moi votre médecine.
— Permettez-moi, objecta Taillefer, d’y mettre une condition : c’est qu’aucun médecin ne pourra intervenir dans mon traitement.
— C’est de justice, fit le malade, qui se recueillit un instant, puis avala la potion que lui présentait Taillefer.