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MYSTÉRIEUX
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— Tel est le bon plaisir de ma femme, c’est elle qui désire vivre dans cette retraite.

— C’est singulier, dit M. de Beauharnais. Mais c’est une tâche délicate que celle de mettre le doigt entre le bois et l’écorce. Nous en reparlerons aux Trois-Rivières dans quelques jours, au prochain voyage que je dois y faire.

À ce moment, une des portes de la salle s’ouvrit, et madame de Beauharnais, accompagnée de mademoiselle de Beauharnais, hésitait à entrer.

— Vous pouvez entrer, dit le marquis, nous n’avons plus rien de particulier à discuter ici.

Elles entrèrent sans se faire prier. Leur arrivée sembla d’abord mettre M. Hocquart à l’aise, en faisant changer la conversation de sujet. Mais, à son grand désespoir, la marquise y revint bientôt.

— Viendrez-vous avec nous aux Trois-Rivières, dans quelques jours, M. l’intendant ?

— Oui madame, il faut que j’y aille, car Son Excellence veut profiter de sa visite à M. le commandant Bégon pour tenir conseil sur l’état des affaires du pays, afin de se préparer à toutes les éventualités. Et, à part ce devoir, ce sera un sensible plaisir pour moi de vous y accompagner.

— En effet, reprit-elle, le marquis me disait hier que les nouvelles d’Europe apportées par le dernier vaisseau arrivé font craindre que l’Angleterre ne se range du côté de l’impératrice Marie-Thérèse contre la France, ce qui rallumerait la guerre en Amérique entre les deux nations. Au cas où cela arriverait, le marquis s’attendrait à être rappelé en France pour prendre le commandement d’une escadre.[1] Il en serait peiné, je vous assure, car il est attaché au Canada.

  1. Le marquis de Beauharnais s’était déjà distingué comme marin.