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LE MANOIR

CHAPITRE XXIII

LES CONSPIRATEURS À L’ŒUVRE


Joséphine, ayant perdu sa mère étant encore enfant, avait été élevée par son père, qui ne la contredisait jamais en rien. Sa jeunesse s’était passée loin du grand monde. Elle avait grandi avec ses caprices, sans une main maternelle pour redresser les mauvais plis de son caractère. Son esprit avait pris une tournure légère. M. Hocquart n’eut pas de peine à en imposer à cette imagination inoccupée, par son extérieur noble, ses manières gracieuses et ses adroites flatteries. Ce fut sans même en comprendre la gravité qu’elle consentit à se marier sans la permission de son père, et ensuite à s’éloigner de lui, en le laissant livré à la douleur la plus amère.

Pendant le commencement de son séjour à la Rivière-du-Loup, les fréquentes visites de M. Hocquart avaient aidé Joséphine à supporter son isolement. Mais, depuis que ces visites étaient devenues plus rares, le mécontentement s’introduisit dans son cœur. Ses lettres à son mari laissaient percer le sentiment d’ennui et les soupçons qui l’obsédaient. Elle s’était même hasardée à y mêler des reproches et à réclamer avec instance la reconnaissance publique de son mariage.

— Je l’ai faite grande dame, se disait l’intendant ; je lui ai ouvert de brillants horizons ; elle pourrait bien attendre avec un peu plus de patience la réalisation de ce que nous promet l’avenir.

Joséphine, de son côté, voyait les choses à un autre point de vue.