et c’est le plus vil laquais. Il vient d’avoir l’effronterie de me dire que l’ordre de M. Hocquart était que je partisse pour les Trois-Rivières, et que là, devant le gouverneur général, devant Mme la marquise de Beauharnais, à la face de la première société du pays, je reconnusse cet homme, lui, Deschesnaux, pour mon époux légitime !
— Madame, reprit celui-ci en se faisant violence pour ne pas perdre son calme, vous me reprochez un plan de conduite que mon maître distingué vous explique dans la lettre que vous tenez à la main.
Cambrai voulut intervenir.
— Madame, ajouta-t-il, vous êtes trop vive dans cette circonstance. Un pareil changement de nom est permis lorsqu’il a un bon but. Ce fut ainsi que…
Mme Hocquart ne le laissa pas achever :
— Vous êtes de misérables hypocrites : jamais je ne croirai que M. Hocquart ait donné son approbation à un dessein si déshonorant… Je foule aux pieds cette lettre infâme, j’en détruis jusqu’au souvenir.
— Soyez témoins, dit Deschesnaux, qu’elle a déchiré la lettre de M. l’intendant, afin de rejeter sur moi le projet qu’il a lui-même conçu. Elle voudrait faire croire que je suis seul coupable, si culpabilité il y a ; mais quel intérêt ai-je à tout ceci ?
— Vous mentez, détestable fourbe ! continua Mme Hocquart en résistant aux efforts que faisait Louise pour la calmer, prévoyant que sa violence ne servirait qu’à fournir des armes contre elle. Laisse-moi, Louise, quand ce devrait être ma dernière parole, je le répète, l’infâme en a menti ! Je prendrais plutôt le jour pour la nuit, que de croire que mon mari me conseille une imposture qui souillerait son nom. Allez-vous-en, vil laquais, je vous mépri-