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LE MANOIR

CHAPITRE XXXII

COMBAT ENTRE L’AMBITION ET L’AFFECTION


Lorsque le gouverneur l’eut quitté, M. Hocquart fit venir Deschesnaux et apprit de lui les particularités de l’évasion de Mme Hocquart, telles que les lui avait racontées Cambrai, qui était arrivé depuis une couple d’heures pour le mettre au courant de cet événement. Mais Deschesnaux ayant eu grand soin de passer sous silence la tentative faite contre la santé de Mme Hocquart, l’intendant ne put supposer d’autre motif à la fuite de Joséphine que l’impatience jalouse de prendre publiquement son rang d’épouse de l’intendant, au risque de l’exposer à la disgrâce et à la ruine.

— J’ai donné, dit-il, à cette fille d’un obscur gentilhomme un nom déjà grand et destiné à devenir encore plus illustre, je lui fais partager ma fortune et ne lui demande qu’un peu de patience pour proclamer sa grandeur ; et cette femme capricieuse et orgueilleuse préfère risquer de me perdre plutôt que de rester quelque temps encore dans l’obscurité où elle vit depuis son enfance. C’est se jouer de moi.

— Si madame veut se laisser conduire comme les circonstances le demandent, observa Deschesnaux, nous pouvons encore sortir d’embarras.

— Sans doute, Deschesnaux ; il faut qu’elle porte votre nom jusqu’à ce que le gouverneur et sa famille soient loin d’ici, et plus longtemps encore ; car jamais ils ne pourraient me pardonner ma supercherie, s’ils venaient à ap-