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MYSTÉRIEUX
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M. l’intendant, dit alors Deschesnaux, madame est malheureusement trop prévenue contre moi pour prêter l’oreille à mes avis ; néanmoins, voici ce que je propose : madame a de l’influence sur le capitaine DuPlessis et pourrait obtenir de lui qu’il l’accompagnât jusqu’à Champlain, où elle resterait en sûreté jusqu’à ce que le temps permît de dévoiler ce mystère.

— De votre vie, Deschesnaux, qu’il ne vous arrive plus de parler de confier mes secrets à DuPlessis, répliqua M. Hocquart presque hors de lui-même.

— Et pourquoi non ? demanda Joséphine, à moins que ce ne soient des secrets que l’on ne puisse confier à un homme d’honneur. J’ai manqué à la foi que j’avais jurée au capitaine DuPlessis pour t’épouser, mais je lui dois cette justice de dire que cet homme est l’honneur même. Ah ! plût au ciel que je fusse chez mon père ! Quand j’ai abandonné son toit, je ne croyais pas abandonner l’honneur et la paix de l’âme.

Ces paroles furent suivies de quelques instants de silence. L’intendant, confus et indécis, était pénétré dans le fond de sa conscience de l’injustice de ce qu’il demandait. Deschesnaux baissait les yeux, affectant une douleur hypocrite. Ce fut en ce moment que Joséphine déploya une énergie de caractère qui eût fait d’elle, si le sort l’eût permis, un noble ornement du rang qui lui était dû. Elle s’avança vers M. Hocquart avec un air de dignité et un regard où se reflétaient à la fois la fierté et l’affection, et lui dit :

— Tous les malheurs qui nous environnent, mon mari, n’ont qu’une cause unique : ils viennent de cette duplicité dont on te force à t’entourer. Délivre-toi de ces honteuses trames, sois toi-même, sois un vrai gentilhomme qui regarde la franchise comme l’apanage de l’hon-