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LE MANOIR

CHAPITRE XXXIV

L’ORDRE FATAL


Après avoir passé une heure à conférer avec Deschesnaux, l’intendant se rendit au château auprès de la marquise et de mademoiselle de Beauharnais, qui avaient en ce moment la visite de plusieurs dames de la ville. Quelqu’habile qu’il fût dans l’art de la dissimulation, il ne put cacher complètement les angoisses qui déchiraient son cœur depuis la terrible résolution qu’il avait prise. On lisait dans son œil hagard que ses pensées étaient loin du théâtre sur lequel il était obligé de jouer son rôle. Il ne parlait et n’agissait qu’avec un effort continuel, et semblait avoir perdu l’habitude de commander à son esprit brillant. Deschesnaux, qui craignait que le bon côté de son caractère ne reprît le dessus sur le mauvais, vint lui dire que quelqu’un avait affaire à le voir à la maison du docteur Alavoine. Celui-ci était parti depuis le matin pour aller soigner, de l’autre côté du fleuve, la fille du baron de Bécancour, tombée soudain gravement malade, et il ne revint que le lendemain, ce qui était assez du goût de Deschesnaux pour l’exécution de ses projets.

— Tout va bien, dit Deschesnaux à l’oreille de M. Hocquart en l’entraînant vers son appartement.

— Le docteur Painchaud l’a-t-il vue ? demanda l’intendant.

— Oui, monsieur. Comme elle n’a voulu répondre à aucune de ses questions, il attestera qu’elle est en proie à une maladie mentale, et qu’il faut la remettre entre les mains de ses