Interrogé, DuPlessis raconta à son tour la douloureuse histoire de Joséphine, en supprimant avec générosité ce qui était de nature à nuire à l’intendant, et en passant sous silence leur duel.
DuPlessis avait à peine fini son récit que la porte s’ouvrit et Madame de Beauharnais parut sur le seuil. Elle semblait intriguée et demanda avec une certaine animation :
— Que signifient donc ces chuchotements autour du château, ces figures décomposées que vous avez tous ici, ces émotions qui semblent s’emparer de tout le monde ?
Un silence complet fut toute la réponse à cette question.
— Si j’ai troublé quelque conversation secrète en entrant vous demander ce que tout cela veut dire, je me retire, ajouta-t-elle en interrogeant encore plus du regard que de la voix.
— Madame, répondit enfin le gouverneur, il est aussi bien que vous sachiez à présent que plus tard ce qui en est : cette dame dont je vous ai parlé et que nous croyions folle, n’est autre que l’épouse de M. l’intendant…
— Quoi !… s’écria madame de Beauharnais en se laissant tomber sur un sofa, et stupéfaite, elle s’arrêta à cette exclamation.
— Oui, poursuivit M. de Beauharnais, tout incroyable que cela nous paraisse, c’est le cas : Mademoiselle Pezard de la Touche a épousé, non Deschesnaux, mais M. Hocquart, et, pour des raisons que je ne connais pas encore, et que, vu la gravité des circonstances, je ne veux pas chercher à pénétrer ici, M. l’intendant a tenu ce mariage secret jusqu’à ce moment.
— Et quelle est donc cette gravité des circonstances ? Quelque malheur serait-il arrivé à cette dame ? demanda la marquise en laissant la compassion l’emporter sur le ressentiment