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LE MANOIR

raissant avoir une cinquantaine d’années, de moyenne taille, mais de formes épaisses. Ses cheveux s’échappaient malproprement d’un bonnet fourré, ses yeux noirs, enfoncés sous deux gros sourcils, et presque toujours baissés, brillaient par moments d’un feu sinistre. Ses traits étaient irréguliers, et tout l’ensemble de sa personne inspirait la répulsion. Il portait un pourpoint à manches de cuir semblable à ceux des paysans un peu aisés de cette époque ; à son ceinturon pendaient d’un côté une paire de pistolets et de l’autre un poignard, dans leurs fourreaux. Il jeta un regard scrutateur sur les deux étrangers, et dit d’une voix basse et comme contenue :

— Permettez-moi de vous demander, messieurs, le motif de votre visite ?

Il semblait s’adresser à DuPlessis plutôt qu’à Michel, mais ce fut celui-ci qui répondit :

— Mon bon ami, mon ancien compagnon, mon cher Thom Cambrai, avez-vous oublié Michel Lavergne ?

Michel Lavergne ! répéta d’une voix sourde Cambrai, en retirant son bras que Michel avait pris folâtrement ; êtes-vous donc Michel Lavergne ?

— Oui, sans doute, aussi vrai que vous êtes Thom Cambrai.

— Fort bien, dit ce dernier en fronçant les sourcils ; et quel motif a pu amener ici Michel Lavergne ?

— Ah ! ah ! je m’attendais de trouver chez Thom un meilleur accueil.

— Quoi ! gibier de potence, pratique du bourreau, oses-tu te flatter d’un bon accueil de quiconque n’a rien à craindre de la justice vengeresse de la société ?

— Il me semble que je suis une assez bonne compagnie pour Thom le « Bûcheron ».

— Écoutez, Michel Lavergne, vous êtes un joueur ; eh bien ! calculez les chances que vous