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LE MANOIR

ches que vous voudrez, mais, en gentilhomme que vous êtes, épargnez du moins la réputation de celui dont tout le tort a été de s’attacher mon cœur.

— Soit ! Joséphine, ayez, si vous voulez, pour cet homme d’autant plus d’estime qu’il en mérite moins, c’est votre affaire plutôt que la mienne ; mais cela ne vous dispense pas d’avoir pour votre père les égards auxquels il a droit. Je vous déclare donc que je viens, armé de son autorité, vous ordonner de me suivre au foyer paternel, et je vous délivrerai de l’esclavage où vous êtes, en dépit de vous-même s’il le faut.

M. DuPlessis, ne me menacez point ; j’ai les moyens de résister à la force. Je suis ici chez moi ; cette maison est la mienne. Si c’est mon bon plaisir d’y vivre dans la retraite, ce n’est pas, je pense, M. Léon DuPlessis qui a le droit de s’y opposer.

— Vous changez habilement la question, madame ; car ce n’est pas moi qui m’y oppose, c’est votre père. Or, en son nom, suivez-moi, fuyez ce lieu…

À ces mots, il s’avança vers elle et saisit son bras. Elle le retira brusquement et jeta un cri qui attira dans la salle Lavergne et Cambrai.

— Flammes et fagots ! exclama ce dernier, que se passe-t-il ici ? Madame, rentrez dans votre chambre. Et vous, monsieur, sortez de la maison, partez vite… ou plutôt, brave Michel, le sabre à la main ! et débarrassons-nous de ce misérable ?

— Non, répliqua Michel, sur mon honneur, non. Il est venu en ma compagnie et n’a rien à craindre de moi, pour cette fois-ci du moins. Mais, écoutez-moi, l’ami, partez le plus vite possible, parce qu’il ne cuit rien de bon ici pour vous.