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LE MANOIR

qu’il vit un faible rayon de lumière passer sous la porte de sa chambre, qui aussitôt s’ouvrit. Un homme entra, portant une lanterne sourde.

— C’est moi, dit-il à voix basse, c’est moi, Léandre Gravel.

— Qu’y a-t-il, mon bon hôte, pour motiver votre visite à pareille heure ?

— Il y a, M. DuPlessis, d’abord, que mon pendard de neveu vous a guetté toute la soirée, et qu’il a questionné mon fils pour savoir quand vous partiez et de quel côté vous deviez vous diriger ; puis, vous vous êtes battu, soit avec lui, soit avec un autre, et je crains qu’il n’en résulte quelque danger pour vous.

— Vous êtes un honnête homme, M. Gravel, et je vous parlerai avec franchise. Votre neveu et son ami, Thom Cambrai, sont les agents subalternes d’un scélérat plus puissant qu’eux, de Deschesnaux, qui est mon ennemi personnel, et avec lequel je me suis battu ce matin.

— Pour l’amour du ciel ! M. DuPlessis, prenez garde à vous. Deschesnaux inspire tant de terreur ici que c’est à peine si l’on ose prononcer son nom. On parlera bien de Thom Cambrai, mais de Deschesnaux, jamais ! Chacun sait ici que c’est lui qui tient une dame prisonnière, mais nul n’oserait le dire.

— J’ai appris, brave M. Gravel, sur cette infortunée dame des détails que je veux vous communiquer, car j’ai besoin d’un conseil.

— Je ne suis qu’un pauvre aubergiste, M. DuPlessis, mais vous pouvez me parler à cœur ouvert, et si je puis vous rendre service, ce sera un plaisir pour moi de le faire. En tout cas, ma discrétion vous est assurée.

— Je n’en doute pas, mon bon M. Gravel. Écoutez donc cette triste histoire.

DuPlessis parut réfléchir un instant, puis reprit :

— Il faut que je remonte un peu plus haut, afin que vous puissiez mieux comprendre.