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LE MANOIR

CHAPITRE XI

LA BOUTIQUE DU DIABLE


— Vous ne craignez donc pas ce maréchal que nous allons voir ? dit DuPlessis à son jeune guide.

— Non, certainement, monsieur. Quand même il serait aussi diable que les imbéciles le croient, je ne le craindrais pas. Mais il n’est pas plus diable que vous, et c’est ce que je ne dirais pas à tout le monde.

— Et pourquoi me le dites-vous, à moi ?

— Ah ! parce que vous n’êtes pas un homme comme tous ceux que nous voyons ici, et, bien que je sois laid comme le péché, je ne voudrais pas que vous me prissiez pour un âne, d’autant moins que j’aurai peut-être un jour une grâce à demander au commandant des Trois-Rivières, dont vous êtes l’officier de garde, si j’ai bien compris ce que vous avez dit en déjeunant.

— Et quelle est cette grâce, mon garçon ?

— Si je vous le disais maintenant, vous me la refuseriez peut-être. J’attendrai que nous nous rencontrions chez M. Bégon.

— Chez M. Bégon ? répéta DuPlessis, que le babil du jeune espiègle amusait.

— Parce que vous me voyez si laid, monsieur, vous vous demandez : « Qu’irait-il faire chez M. Bégon ? » Mais, fiez-vous à ce que je vous dis, je ferai oublier ma laideur par mon esprit.

— Et qui vous introduira chez M. Bégon ?

— Écoutez ; je sais qu’il y aura bientôt une fête aux Trois-Rivières, à l’occasion de la visi-