Page:Houde - Le manoir mystérieux, 1913.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
MYSTÉRIEUX
165

— Illustre monsieur, reprit un jeune garçon, de petite taille, portant un masque orné d’une paire de cornes rouges, ayant un vêtement rouge collant, des bas rouges et des souliers pointus, figurant le pied fourchu du diable, c’est mon père, le diable, auquel le pied a manqué ; mais, heureusement, cet autre diable que vous voyez sous l’habit d’un simple paysan, et qui n’est autre que le diable en chef, nous a rejoints à temps pour raccommoder la patte du diable en second.

— Et la femme qui chevauchait à côté de lui ou d’un autre, un peu en arrière du reste de la troupe, où est-elle ? demanda Deschesnaux.

— C’est sa sœur, noble seigneur. Elle est occupée à préparer un emplâtre émollient avec de l’herbe à chat. Mais si vous voulez attendre que le maître diable ait terminé son office de docteur, ce démon de premier ordre se fera un plaisir de lancer jusqu’aux cieux des milliers d’étincelles et de vomir des nuages de fumée qui vous feront croire qu’il a l’Etna dans l’abdomen.

— Je n’ai pas le temps de m’arrêter pour voir cette merveille, très illustre fils de l’enfer ; mais voici de quoi boire à la santé de ce savant diable.

En parlant ainsi, il piqua des deux et continua sa route, suivi de Michel Lavergne.

— Et maintenant, dit tout bas Taillefer en s’approchant du rusé diable, tu es, à n’en pas douter, mon ami Cyriaque.

— Vous l’avez dit ; oui, votre ami Cyriaque Laforce, qui a deviné que vous étiez dans l’embarras, et qui est venu à votre secours. Mais, dites-moi, quel est le nom de cette dame qui est avec vous ?

— C’est ma sœur. Elle chante et joue du luth de manière à faire sortir les poissons de l’eau.