Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/11

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eut du lait dans ses mamelles fécondes, elle accomplit héroïquement sa mission, semblable au pélican, qui, dans ses jours de mauvaise chasse, se déchire le sein pour nourrir sa nichée. Mais le lait tarit sous les lèvres affamées. La famille était parvenue à vivre de peu, sans se plaindre même au ciel : il fallut se résigner à vivre de moins.

Le tailleur de pierres vit bientôt la faim s’asseoir au seuil de sa porte.

Jusque-là, sa nichée d’enfants venait, toute bruyante et toute joyeuse, l’attendre sur le soir au haut de l’escalier ; c’était à qui lui sauterait sur les bras, se pendrait à son cou, lui saisirait la main ; il rentrait dans ce doux cortége ; il oubliait les peines du travail ; il embrassait sa femme avec la joie dans le cœur. On se mettait à table, les enfants debout pour tenir moins de