Page:Houssaye - La Vertu de Rosine, 1864.djvu/9

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C’est là que Rosine rencontra un matin son tentateur.

La rue des Lavandières est un des tristes chemins de ce pays perdu où l’ange des ténèbres étend ses ailes empoisonnées. Il y passe çà et là, parmi les peuplades pittoresques qui secouent leur vermine, un être reconnu de l’espèce humaine, comme un étudiant qui va au Jardin des Plantes, un provincial qui cherche sa famille parisienne, une jeune ouvrière qui s’élance, légère comme un chat, sur la pointe de sa pantoufle, de la boutique de l’épicier à l’éventaire de la marchande des quatre saisons. Les autres passants, vous les connaissez : un voleur oisif qui attend l’heure du travail ; un enfant qui barbote dans le ruisseau ; une femme qui a des yeux pour y voir, mais qui joue les aveugles sur le pont Royal ; un chiffonnier ivre, Diogène moderne qui