Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/104

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À la chute du ministère dont était M. de Salvandy, je le rencontrai dans l’escalier des Tuileries où j’allais voir le duc de Montpensier. Salvandy me tendit la main et je lui dis :

— Bonjour, mon cher ministre.

— À la bonne heure, me répondit-il, vous faites comme le roi, vous me dites : mon cher ministre, bien que je ne le sois plus depuis un mois.

— C’est peut-être pour vous refaire ministre que le roi vous a appelé ?

— Pas le moins du monde, mais Sa Majesté veut bien me demander mes idées chaque fois qu’il y a conseil de ministres.

Salvandy me parlait ainsi parce qu’il savait bien que j’étais son ami.

Le roi ne pouvait trouver un meilleur conseiller en toutes choses. Son prédécesseur, M. Villemain, avait horreur des gens de lettres. Quand M. de Salvandy lui succéda, il les décora par dizaines, lui qui les aimait. Il avait fallu que ce galant homme passât au minis-