Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/15

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chesses railleuses et des bourgeoises épanouies, sans qu’une main vous fasse signe, et sans qu’un regard vous brûle ; se réveiller le matin sans jamais recevoir, par la petite poste ou par un groom distrait, quatre lignes qui font battre le cœur ; comprendre les splendeurs du ciel, mais être seul pour les comprendre, ou, pour parler en prose, rentrer chez soi sans être poursuivi par une jalouse ou une affolée qui force la porte pour avoir sa part de ciel de lit, n’est-ce pas la désolation des désolations ?

Sainte-Beuve fut l’éternel inconsolé ! Il redisait, pour se consoler un instant, le beau vers de Voltaire, le plus beau vers de sentiment et de vérité qui soit tombé du cœur d’un poète :


C’est moi qui te dois tout, puisque c’est moi qui t’aime !

En effet, être aimé n’est presque rien, mais aimer c’est tout !