Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/179

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prunes et où elle vole un oignon. Il fallait bien pleurer pour dire à madame Sand : « En passant trop près d’un régiment, quelques-uns m’ont houspillée, si bien qu’en arrivant chez madame Dorval je n’ai pu retrouver ma lettre… Battez-moi, vous qui avez toujours été si bonne pour moi ! »

Nonore avait si bien pleuré, grâce à l’oignon, que madame Sand la crut sur parole. Son premier chagrin fut de ne pouvoir retrouver mille francs pour les envoyer à madame Dorval, horriblement poursuivie par ses créanciers, quand son amant, Jules Sandeau, était poursuivi lui-même. La grande romancière voulait courir chez Buloz, quand survint Michel de Bourges qu’elle avait invité à déjeuner. Deux convives inattendus vinrent coup sur coup : Pierre Leroux et Jules Favre. George Sand se résigna ; elle reprit sa bonne et loyale figure animée d’un vague sourire.

Nonore servit à table comme de coutume.

— La fillette a pleuré ? dit Michel de Bourges.