Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/22

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Sainte-Beuve et l’embrassa à tour de bras. Il était rayonnant. On ne l’avait peut-être jamais si gentiment embrassé. Il y avait bien un peu de moulin-à-vent dans cette affaire.

On rit beaucoup au dessert. On fit sauter un bouchon de vin de Champagne. La dame nous conta mille et une drôleries : elle nous fit l’histoire galante des galeries de l’Odéon, où, selon elle, on voyait venir des femmes du monde pourchassant les étudiants. — Vieux clichés !

Vers minuit, nous descendîmes.

Une surprise à la porte : un monsieur en garde national offre son bras à Roxelane qui, déjà, avait pris le bras de Sainte-Beuve. L’homme de la garde nationale insiste brutalement. Elle l’envoie au diable dans le beau style. Sainte-Beuve contresigne. Il paraît que c’est le mari.

— Comment, petite malheureuse ! lui dis-je, si jeune et déjà mariée ?