Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/228

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mer qui sont toujours là — yeux de serpent qui donnent le vertige, yeux que je n’ai vus qu’à toi, yeux de Sphinx et de Sybille.

» Dis-moi pourquoi ton âme ne met jamais la tête à la fenêtre, quand je suis là ? Craint-elle donc de m’effrayer par sa force ou de se laisser surprendre dans sa faiblesse ?

» Va ! je suis plus fort que toi, parce que j’ai dompté ma force elle-même pour la jeter à tes pieds ; parce que je t’ai plus aimée que moi ; au point que si je pouvais me supprimer pour devenir un des mille rayonnements de ton âme, je le ferais sans jeter un regard en arrière.

» Toi, tu m’aimes par curiosité.

» Je disais Cléopâtre pour commencer, je finis en disant Ève.

» Finir ! Jamais. Qui que tu sois, je t’aime et je suis heureux de mon malheur.

» Où es-tu ? Je dis à mon âme : — Âme, ma sœur âme, ne vois-tu rien venir ?

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