Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grands théâtres en prenant des airs byroniens, pendant que Béranger était chanté dans toute la France, depuis le Palais-Royal du duc d’Orléans, jusque dans la plus humble chaumière. Être populaire en poésie, c’est n’être rien. L’enthousiasme des rues est un feu de paille. Qu’est-ce qu’un homme politique tombé du pouvoir ? Qu’est-ce qu’un poète tombé de la mode ? On a dit qu’il en restait toujours quelque chose. Il en reste le nom.

Mais pour Béranger, « qui savait chanter avant de savoir parler », il sera le chansonnier de tous les temps.

Il n’est pas un couplet de Béranger qui ne soit, non pas un couplet, mais une strophe ailée et radieuse. Voyez plutôt :


 Cherchez au-dessus des orages,
 Tant de Français morts à propos,
 Qui, se dérobant aux outrages,
 Ont au ciel porté leurs drapeaux.
Pour conjurer la foule qu’on irrite,
Unissez-vous à tous ces demi-dieux.