Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/294

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— Il aurait dû vous dire cette vérité en tête à tête.

Le docteur rengaina sa fureur. Mais, après tout, il n’en était pas moins laid. Pour ce qui était de son esprit, la vérité c’est qu’il était spirituel, quoique trop sentencieux et trop anecdotier.

On l’aimait un peu moins que ses dîners, où il avait la bonne grâce de ne jamais paraître le maître de la maison. Chez lui, tout le monde était chez soi. Bien mieux, on s’invitait soi-même, car jamais il n’invitait personne. À peine s’il disait aux uns et aux autres :

— Vous savez qu’ici on dîne toujours à sept heures — précises — ajoutait-il.

Pourquoi ce mot ? C’est qu’il était avant tout homme de théâtre, et qu’à huit heures et demie il arrivait à l’Opéra-Comique ou à la Comédie-Française. Il disait que le spectacle n’attend pas ; très souvent, il quittait la table comme un amphitryon qui va revenir. Il ne