Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/37

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se mit gaiement à table. Ce n’était pas un déjeuner à la Balzac : il y avait de quoi se mettre sous la dent, quoique tout le monde eût de belles dents. Nous avions tous les quatre nos trente-deux dents, sans compter les dents de sagesse. Quelques jours après, comme j’étais retourné chez Jules Janin, je me trompai de porte, et je tombai comme un aérolithe dans la chambre à coucher de madame de Lacarte. Elle descendait dans sa baignoire. Suzanne la chaste se fût jetée à l’eau jusqu’aux cheveux, mais la marquise me dit avec son beau sourire :

— Ah ! c’est vous ? Donnez-vous la peine d’entrer ; vous allez me tenir compagnie pendant une demi-heure.

— Je suis bien heureux, madame, de m’être trompé de porte.

Et nous voilà en gaie causerie. La marquise était couchée dans sa baignoire, non pas vêtue de l’air du temps, mais de l’eau qu’elle agitait de sa main blanche ; naturellement, je