Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/84

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mouches de l’amour que lui inspira le colonel. C’est qu’il était fort séduisant, ce coureur de femmes. Il savait comment on fait le siège d’une femme aimée, ou qu’on fait semblant d’aimer. Pour lui, il ne fit pas semblant d’aimer Blanche, il s’était pris soudainement à sa beauté poétique. Blanche prenait de plus en plus plaisir à causer avec lui. Elle avait beaucoup lu et elle pouvait suivre d’Atrepigny, quel que fût l’horizon. Tous les deux aimaient les arts, ils s’entendaient bien sur la beauté des chefs-d’œuvre. Blanche ne faisait pas de façons pour accompagner le colonel au musée de Lyon où ils étudiaient le sentiment des diverses écoles de peinture. Quand ils avaient passé deux heures au musée, la jeune fille disait toujours : « Je n’ai pas perdu ma journée. »

Elle avait raison, c’est par le sentiment de l’art que l’âme s’élève dans les régions surhumaines. L’admiration des chefs-d’œuvre ouvre toutes les fenêtres de l’âme.