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Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/184

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LABRADOR ET ANTICOSTI

et cloche seront installés en leur lieu. En attendant, on supplée à leur absence, dans la mesure du possible, par l’emploi d’un cornet à piston qui fait partie de l’ameublement de la sacristie ; à l’heure des offices, quelque enfant de chœur, chez qui l’on a reconnu les aptitudes labiales qu’il faut, s’empare du cuivre et improvise une mélopée quelconque pour appeler les paroissiens à l’église. Quand le clocher, la cloche et le sonneur seront là pour remplir leur office, le cornet à piston, désormais rejeté de fonctions liturgiques qu’aucun rubriciste n’avait prévues pour un instrument si peu ecclésiastique, sera mis en réserve pour la future fanfare de Magpie.

S’il faut préciser un peu à propos de cette église, je dirai que sa construction est toute récente. C’est le 7 mars 1892 que l’on a mis la cognée au pied de l’arbre, puisque c’est ce jour-là qu’on alla au bois pour commencer à préparer les matériaux nécessaires. L’édifice fut inauguré par la messe de minuit au jour de Noël 1893.

Autrefois, le missionnaire, quand il était de passage à Magpie, logeait chez la famille Girard dont j’ai parlé déjà. Mais à présent, en avant de l’église, il y a un presbytère, joli à rendre jalouses bien des Missions d’anciens diocèses. C’est la résidence de M. l’abbé Samuel Bouchard, le missionnaire chargé de desservir la division, que nous parcourons actuellement, de l’ancienne Préfecture. Cette division commence à la Rivière-aux-Graines et s’étend jusqu’à Mingan : c’est une étendue de vingt lieues de côte. Vingt lieues ! C’est bientôt dit. Mais imagine-t-on ce qu’une desserte pareille représente de fatigues et de dangers ? L’été, les voyages se font encore assez facilement par les embarcations ; et pourtant, lorsque le missionnaire est appelé pour un malade, il faut bien qu’il se mette en route, que le temps soit favorable ou non, que la mer soit calme ou furieuse. Quand c’est l’hiver, les voyages sont plus pénibles. Suivant les circonstances, on monte en cométique ou l’on chausse la raquette. Le printemps et l’automne on n’a aucune de ces ressources, et il faut voyager à pied, le jour, la nuit, à travers les bois ou par les