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LABRADOR ET ANTICOSTI

à-dire il y a une vingtaine d’années, la pêche du maquereau était ici très productive ; ce poisson y est aujourd’hui peu abondant.

Quant à la morue, la pêche en est fructueuse. On la pêche à trois ou quatre milles de terre, mais aussi, quelquefois, à une distance beaucoup plus considérable, et même jusqu’à douze milles de la côte. Cette pêche se fait dans les mêmes conditions qu’ailleurs.

Durant l’hiver, on fait la chasse aux renards, martes, castors, visons, loups-cerviers, etc. Mais les bénéfices que l’on en retire sont peu considérables.

L’agriculture se pratique ici dans les conditions élémentaires que j’ai déjà décrites. Les pommes de terre viennent fort bien, et tous les habitants les cultivent avec zèle. L’avoine, dont il y a assez grand d’ensemencé, mûrirait sans doute si on lui en laissait le temps ; mais on la fauche de bonne heure ; car c’est le foin du Labrador, le mil et le trèfle ne réussissant pas d’ordinaire à vivre convenablement sur ce sol qui, la plupart du temps, n’est que du sable pur. Je n’ai pas besoin de dire que patates et avoine n’y prospèrent qu’en raison directe de la quantité de têtes de morue que l’on emploie en guise d’engrais ; c’est aussi en raison directe d’icelle que l’on empeste, à deux lieues à la ronde, un air pourtant si bien disposé à faire les délices de tous les nez qui se présentent.

* * *

Dans les plus fortes marées, l’eau monte au plus d’une douzaine de pieds, ce qui serait déjà considéré comme fort extraordinaire par les gens qui ont le désavantage de vivre à l’intérieur des continents. Tout ce que je dirai de la météorologie de Magpie, c’est que le thermomètre Far. a marqué une fois 98° à l’ombre. Mais quand il fait chaud à ce point, c’est au milieu du jour ; car la nuit, le matin et le soir, la température est toujours fraîche.