c’est un chauffaut. Mais c’est l’essentiel qu’une construction de cette sorte, où l’on emmagasine la morue sèche. Quant au séchage du poisson, il se fait en plein air, comme on l’a vu, et le bon soleil — qui luit pour tout le monde, mais particulièrement pour les pêcheurs, les cultivateurs et les papillons — fait une grosse partie de la besogne. À part ledit chauffaut et à part le soleil, le « bourgeois » emploie, dès cette année, dix ou douze barges, dont les équipages viennent de la Pointe-aux-Esquimaux, pour la pêche de la morue. Avec le temps, sans doute, cet établissement prendra de l’importance. Et, comme il est placé du côté est de la rivière, le petit hameau qui est là en profitera pour s’accroître et pour égaler bientôt son rival de l’autre rive… Je n’en dis pas davantage, pour ne pas replonger mon lecteur dans les fâcheuses appréhensions dont précédemment il a été quelque peu question.
Il reste à parler de la question agricole à Goynish. Mais ce n’est pas là une tâche à faire blanchir prématurément les cheveux d’un historien. On ne cultive guère autre chose, en ce pays, que les patates et la Brassica napus hybrida. — Vous dites… ? — Je dis le navet de Suède, appelé aussi « Siam » par nos bons Canadiens. On récolte bien, encore, des choux, mais ils sont de petite taille.
L’avoine, dit-on, ne demanderait pas mieux que d’y venir ; mais on n’en sème pas, même dans le but d’en faire du fourrage. Du fourrage, en effet, il en pousse tout seul à Goynish. Il n’en faut pas d’ailleurs beaucoup pour la nourriture des quelques vaches que l’on possède. Il n’y a pas un seul cheval en cette localité ; et le touriste qui débarque en ces lieux n’a pas du moins à redouter les assauts de féroces cochers, dont il n’y a jamais qu’un seul sur cent dont l’on puisse faire le bonheur. Il est vrai que si le voyageur veut circuler dans la place, il ne le pourra faire qu’à pied ; mais on n’ignore pas, je suppose, à quel point ce mode de locomotion est favorable à la santé.
Autrefois, l’endroit était bon pour la chasse des animaux à fourrures. Maintenant il n’y a plus beaucoup de profits à tirer de là.