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TOPOGRAPHIE DU LABRADOR ORIENTAL

oriental, il sera intéressant de s’arrêter un moment sur l’histoire ancienne de ce pays. Une couple de pages de l’abbé Ferland[1] vont nous en donner un aperçu qui suffira à notre dessein.

« L’histoire du Labrador n’est pas longue. Ce pays, à l’arrivée des Européens, était dans la possession des Esquimaux, qui soutenaient déjà et continuèrent longtemps après à soutenir une guerre assez vive, d’une part contre les Montagnais, et, de l’autre, contre les Souriquois ou Micmacs, habitants des côtes de l’Acadie, de la Gaspésie et de Terre-Neuve. Les Esquimaux, qui semblent appartenir à la famille des Samoyèdes et des Lapons, se défendaient courageusement ; mais quand les Français se mirent de la partie contre eux, ils durent céder peu à peu et se retirer vers le Labrador septentrional[2].

« Les chroniques du nord de l’Europe nous portent à croire que, dès les treizième et quatorzième siècles, les Norvégiens et les Danois avaient découvert dans leurs voyages les Îles de Terre-Neuve et le Labrador. En 1497, Jean et Sébastien Cabot, cherchant un passage vers les Indes, reconnurent la partie septentrionale du Labrador. En 1500, le Portugais Cortereal visita aussi les côtes de ce pays. Dès l’année 1504, des pêcheurs basques, normands et bretons y faisaient la pêche. Lorsque Jacques Cartier découvrit le fleuve Saint-Laurent, il rencontra vers la baie des Rochers un vaisseau rochelois, qui cherchait le port de Brest, situé près de l’embouchure de la rivière Saint-Paul[3].

  1. Le Labrador (la Littérature canadienne de 1850 À 1860, 1er vol., pp. 301-307).
  2. D’après une légende qui a cours chez les sauvages, la Pointe-de-Monts aurait été le théâtre d’une grande bataille entre les Algonquins et les Esquimaux : ces derniers furent vaincus et abandonnèrent toute la côte, même le poste de Mingan, et se retirèrent dans le Labrador inférieur. — « Vers 1640, m’écrit M. l’abbé A. Delay, missionnaire au Labrador, les Montagnais, armés à la française, vainquirent les Esquimaux à l’endroit, dit Esquimaux Island, à l’entrée de la baie de Saint-Paul. Mille Esquimaux furent tués en cette journée. Les deux autres mille firent des incursions presque chaque printemps brûlant et tuant tout sur leur passage. Ils attaquèrent deux fois Brador (l’ancien port de Brest) sous les Courtemanche ; ils perdirent 100 hommes à la dernière de ces attaques. Enfin, deux ans avant la conquête, ils furent définitivement battus à Battle Harbour. » — Il paraît que les Esquimaux furent évangélisés, en 1763 par Cartwright, ministre moravien. (A.)
  3. La rivière Saint-Paul ou des Esquimaux se jette dans le golfe, un peu à l’ouest de la baie de Brador. (A.)