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LABRADOR ET ANTICOSTI

à Betsiamis, soit pour retourner dans l’intérieur des terres. N’empêche qu’il vient aussi des sauvages par tous les chemins possibles pour l’époque de la mission d’été. C’est ainsi que j’ai trouvé ici, non sans surprise, le vieux Jacques Bacon, qui, tout Montagnais qu’il est, n’en est pas moins citoyen de Chicoutimi. Ce vieillard a fait cinquante lieues pour assister à la réunion de ses compatriotes.

La réserve de Betsiamis est de neuf milles carrés. Elle fut accordée en faveur des sauvages, par le gouvernement du Bas-Canada, du temps de sir Edmund Head.

Les Pères avaient d’abord obtenu du gouvernement le terrain du poste de la Compagnie de la baie d’Hudson aux Îlets-de-Jérémie, endroit situé à sept ou huit milles d’ici, du côté de l’ouest. Mais la chapelle qu’il y avait là était petite. On ne trouvait pas cette localité assez avantageuse pour y bâtir une nouvelle chapelle, ni pour y faire des défrichements. On décida à la fin d’abandonner à un Écossais, qui s’était fait catholique, le terrain obtenu, et l’on vint s’établir à Betsiamis, où les conditions étaient meilleures. L’agent de la Compagnie de la baie d’Hudson quitta aussi les Îlets-de-Jérémie pour Betsiamis, et donna l’hospitalité au missionnaire avant que les Pères eussent bâti le presbytère.

L’endroit occupé maintenant par le village, était couvert de pins, d’épinettes, d’érables, de bouleaux, de merisiers. Le bois même dont on s’est servi pour élever la charpente de la chapelle, on l’a coupé sur le terrain qui forme aujourd’hui le jardin des Pères. Il n’y a pas besoin d’être au fait de tous les secrets de la physique et de la chimie agricole pour conjecturer sûrement, à la seule énumération des essences forestières qui se trouvaient là, quelle est la nature du sol au fond de la baie de Betsiamis. Ce terrain est très sablonneux ; l’avoine, l’orge, les pommes de terre, etc., y viennent parfaitement. Dans l’intérieur du pays, on rencontre la bonne terre forte. En général, il ne semble pas y avoir de différences notables entre la flore de Betsiamis et celle de la plus grande partie de la Province de Québec. Les Oblats ont ici de très beaux terrains en culture excellente.