CHAPITRE VINGT-QUATRIÈME
Gens et choses du Labrador oriental
Quand on a voyagé sur la Côte Nord, même jusqu’à Natashquan, et que l’on traverse à l’Anticosti, on éprouve l’enthousiasme que j’ai exprimé en son lieu à la vue de la belle végétation de l’extrémité ouest de la grande île : il semble alors que l’on arrive du pays le plus désolé qui soit au monde. Pourtant, si le sol de la Côte Nord est peu propre à l’agriculture, le règne végétal ne laisse pas d’y être assez bien représenté ; la forêt n’y est pas rare, quoique les arbres qui la composent soient peu variés et de médiocre venue. Comment faut-il donc qualifier le pays situé au-dessous de Natashquan ? En effet, dès que l’on descend au delà de ce poste, on ne tarde pas à constater combien l’aspect de la côte devient triste et monotone. La végétation s’y fait de plus en plus rare, finit même par manquer complètement, sauf en quelques endroits, le long des rivières, au fond de quelques baies. Et encore, bien souvent, même à ces endroits privilégiés, elle ne consiste qu’en sapins, épinettes, bouleaux rabougris et de petite