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CHAPITRE VINGT-QUATRIÈME

Gens et choses du Labrador oriental


Un pays désolé. — L’amour du sol natal. — Résidence d’été, résidence d’hiver. — La terreur qu’inspira une fois la vue d’une vache. — Comment se compose la population de la Côte. — Le paradis des voyageurs. — La difficulté des communications. — Les traders. — Le Capt. N. Blais, et la Stadacona. — Les habitations. — La pêche. — La chasse au loup marin. — Les grands établissements. — Le fléau des trap-nets. — Destruction des oiseaux de mer. — Pourquoi les profits de la chasse diminuent toujours. — Le télégraphe et la poste. — L’instruction publique. — « Venez voir le beau gibier ! » — L’histoire de la création, racontée par un écolier de là-bas. — Les missionnaires. — L’apôtre du Labrador.


Quand on a voyagé sur la Côte Nord, même jusqu’à Natashquan, et que l’on traverse à l’Anticosti, on éprouve l’enthousiasme que j’ai exprimé en son lieu à la vue de la belle végétation de l’extrémité ouest de la grande île : il semble alors que l’on arrive du pays le plus désolé qui soit au monde. Pourtant, si le sol de la Côte Nord est peu propre à l’agriculture, le règne végétal ne laisse pas d’y être assez bien représenté ; la forêt n’y est pas rare, quoique les arbres qui la composent soient peu variés et de médiocre venue. Comment faut-il donc qualifier le pays situé au-dessous de Natashquan ? En effet, dès que l’on descend au delà de ce poste, on ne tarde pas à constater combien l’aspect de la côte devient triste et monotone. La végétation s’y fait de plus en plus rare, finit même par manquer complètement, sauf en quelques endroits, le long des rivières, au fond de quelques baies. Et encore, bien souvent, même à ces endroits privilégiés, elle ne consiste qu’en sapins, épinettes, bouleaux rabougris et de petite