Généralement, la victime doit être mangée le jour même du sacrifice[1] ; quand il a lieu le soir, rien ne doit rester au matin ; c’est le cas du sacrifice de la Pâque[2]. On trouvait en Grèce des restrictions analogues, par exemple, dans les sacrifices θεοῖς τοῖς Μειλιχίοις, dieux chthoniens, à Myonia en Phocide[3] ; en outre, le repas sacrificiel ne pouvait avoir lieu que dans l’enceinte du sanctuaire[4]. Ces précautions étaient destinées à empêcher que les restes de la victime, étant sacrés, n’entrassent en contact avec les choses profanes. La religion défendait la sainteté des objets sacrés en même temps qu’elle protégeait le vulgaire contre leur malignité. Si, quoique profane, le sacrifiant était admis à y toucher et à en manger, c’est que la consécration, en le sanctifiant, l’avait mis en état de faire sans danger. Mais les effets de sa consécration ne duraient qu’un temps ; ils s’évanouissaient à la longue, et c’est pourquoi la consommation devait se faire dans un délai déterminé. Inutilisés, les restes devaient être tout au moins, s’ils n’étaient pas détruits, serrés et surveillés[5]. Même les résidus de la crémation qui ne pouvaient être ni détruits, ni utilisés n’étaient pas jetés au hasard. Ils étaient déposés dans des endroits spéciaux protégés par des interdictions religieuses[6].
L’étude du sacrifice animal hindou, dont nous avons interrompu la description, présente un ensemble, rarement réalisé, de toutes ces pratiques, et de celles qui concernent
- ↑ Lév. VII, 15 ; XXII, 29, 30. Voir Dillmann-Knobel, t. XII, p. 448.
- ↑ Ex. XII, 10 ; XXIII, 18 ; XXIV, 25 ; Deut. XVI, 4.
- ↑ Paus., X, 38, 6 ; Voir Frazer, t. III, p. 240. — Rob. Smith, op. cit., p. 282, 369. — Cf. Athénée, VII, p. 276.
- ↑ Paus., ib. ; II, 27, 1 ; VIII, 38, 6. Hésych., s. v. Ἑστίᾳ θύομεν. — Paton, Cos, 38, 24.
- ↑ Paus., X, 32, 9 (Culte d’Isis à Tithorea) : les restes de la victime restent exposés dans le sanctuaire d’une fête à l’autre ; et, avant chaque fête, on les enlève et les enfouit.
- ↑ Lév. VI, 4 ; XIV, 4 ; Cf. IV, 11 ; on recouvrait de terre le sang des oiseaux tués dans le temple. — À Olympie il y avait un monceau de cendres devant l’autel : Paus., X, 13, 8. Voir Frazer, Paus., t. III, 556 ; Stengel, p. 15.