rituel chrétien du sacrifice, ni comment il se rattache aux rites antérieurs. Nous avons pourtant cru pouvoir, au cours de ce travail, rapprocher quelquefois les cérémonies du sacrifice chrétien de celles que nous avons étudiées. Qu’il nous suffise ici d’en rappeler simplement l’étonnante similitude et d’indiquer comment le développement de rites, si semblables à ceux du sacrifice agraire, a pu donner naissance à la conception du sacrifice, rédempteur et communiel, du dieu unique et transcendant. Le sacrifice chrétien est, à cet égard, un des plus instructifs que l’on puisse rencontrer dans l’histoire. Nos prêtres cherchent, par les mêmes procédés rituels, à peu près les mêmes effets que nos plus lointains ancêtres. Le mécanisme de la consécration de la messe catholique est, dans les lignes générales, le même que celui des sacrifices hindous. Il nous présente, avec une clarté qui ne laisse rien à désirer, le rythme alternatif de l’expiation et de la communion. L’imagination chrétienne a bâti sur des plans antiques.
VI
CONCLUSION
On voit mieux maintenant en quoi consiste selon nous l’unité du système sacrificiel. Elle ne vient pas, comme l’a cru Smith, de ce que toutes les sortes possibles de sacrifices sont sorties d’une forme primitive et simple. Un tel sacrifice n’existe pas. De tous les procédés sacrificiels, les plus généraux, les moins riches en éléments que nous ayons pu atteindre sont ceux de sacralisation et de désacralisation. Or, en réalité, dans tout sacrifice de désacralisation, si pur qu’il puisse être, nous trouvons toujours une sacralisation de la victime. Inversement, dans tout sacrifice de sacralisation, même le plus caractérisé, une désacralisation est nécessairement impliquée ; car autre-