gent des effets qui dépassent le but étroit que le sacrifiant assigne au rite. On immole un animal pour racheter un dîkṣita ; par un contre-coup immédiat, l’âme libérée de l’animal s’en va alimenter la vie éternelle de l’espèce. Le sacrifice dépasse ainsi, naturellement, les buts étroits que les théologies les plus élémentaires lui assignent. C’est qu’il ne se compose pas seulement d’une série de gestes individuels. Le rite met en mouvement l’ensemble des choses sacrées auxquelles il s’adresse. Dès le début de ce travail, le sacrifice nous a apparu comme une ramification spéciale du système de la consécration.
Il n’y a pas lieu d’expliquer longuement pourquoi le profane entre ainsi en relations avec le divin ; c’est qu’il y voit la source même de la vie. Il a donc tout intérêt à s’en rapprocher puisque c’est là que se trouvent les conditions mêmes de son existence. Mais d’où vient qu’il ne s’en rapproche qu’en en restant à distance ? D’où vient qu’il ne communique avec le sacré qu’à travers un intermédiaire ? Les effets destructifs du rite expliquent en partie cet étrange procédé. Si les forces religieuses sont le principe même des forces vitales, en elles-mêmes, elles sont de telle nature que le contact en est redoutable au vulgaire. Surtout quand elles atteignent un certain degré d’intensité, elles ne peuvent se concentrer dans un objet profane sans le détruire. Le sacrifiant, quelque besoin qu’il en ait, ne peut donc les aborder qu’avec la plus extrême prudence. Voilà pourquoi, entre elles et lui, il insère des intermédiaires dont le principal est la victime. S’il s’engageait jusqu’au bout dans le rite, il y trouverait la mort et non la vie. La victime le remplace. Elle seule pénètre dans la sphère dangereuse du sacrifice, elle y succombe, et elle est là pour y succomber. Le sacrifiant reste à l’abri ; les dieux la prennent au lieu de le prendre. Elle le rachète. Moïse n’avait pas circoncis son fils ; Iahwe vint « lutter » avec lui dans une hôtellerie. Moïse se mou-