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vent, en un seul et même mythe complexe, avec le thème de la révélation par les esprits purs. Il ressort, maintenant, même des informations sommaires précédentes, que les phénomènes sont moins simples qu’il ne paraît d’abord[1].

Les renseignements ne sont pas partout aussi insuffisants. D’abord un certain nombre nous décrivent soigneusement au moins le gros des événements. Ce sont en particulier ceux qui nous viennent, par Grey et ses imitateurs, et concernent les tribus de l’Australie occidentale, actuellement disparues pour la plupart. Un texte australien même nous dit : « les boyl-ya se tiennent aux tombeaux en grand nombre[2] ». Il semble que l’esprit du mort doit agir là d’une façon mystérieuse pour conférer une sorte de nouvelle vie au magicien ; car Grey[3] cite le fait que Threlkeld avait signalé à propos de cette action dans la tribu de Port-Macquarie[4]. Les Teyl, Wergo, cristaux et autres substances magiques[5] doivent probablement être introduits à ce moment-là dans le corps du magicien endormi. Même un auteur, plus sujet à caution, mais qui a peut-être mieux vu que Grey, un certain Chauncy, dit que l’esprit renouvelle complètement les organes internes du dormeur[6]. Ce dernier texte fait apparaître dans les croyances

  1. Nous ne pouvons nous servir, faute de localisation suffisante, de l’information de M. Palmer, Notes on some Australian Tribes, J. A. I., XIII, p. 299.
  2. Grey, Two Expeditions, etc., II, p. 339 (texte p. 340, note), cf. p. 335.
  3. II, p. 336.
  4. Voir plus loin, p. 147.
  5. Sur ces substances, voir Grey, Vocabulary, p. 76, 147, 127, Two Expeditions, p. 340, 347.
  6. Seulement il semble s’agir de la tribu de Port-Jackson, in Brough Smyth, Aborigines of Victoria, II, 271. D’autre part ce texte nous semble trop se rapprocher dans les termes mêmes de celui de Collins sur la tribu de Sydney, que nous citons plus bas. Le titre de koradjee donné au magicien est à lui seul suspect, car c’est un mot du dialecte de Sydney. Les Mémoires historiques, de Rudesindo Salvado, ne contiennent rien au sujet de ce fait dans ces tribus, et Fraser, W. Austr. Yeark Book, 1897-1898, ne nous parle de ces séjours sur les tombeaux qu’à propos