voit comme des esprits. En tout cas, il n’est pas douteux qu’ici les magiciens remplissent, comme ils font chez les Unmatjera, tout ce qu’ils peuvent remplir du rôle des esprits. La seule chose qu’ils ne fassent pas, c’est mettre à mort et ressusciter le candidat : pourtant, il se peut que ce sommeil que le jeune homme doit prendre à certains moments des deux premiers jours soit un sommeil léthargique comme celui où les Iruntarinia trouvent plongé leur initié. Seulement nous n’en sommes pas certain, et il ne nous est guère permis de dire que le magicien Arunta de la troisième classe ait, comme ses autres confrères, une vie nouvelle qui l’apparente aux esprits. Il n’a que ses pierres atnongara et les dessins qu’il porte, pour l’identifier à ceux-ci et marquer le changement qui vient de s’opérer en lui. D’ailleurs, il est encore possible que le rituel de la mise à mort et de la résurrection ait été omis de la cérémonie particulière que relatent MM. Spencer et Gillen, ou bien qu’il soit tombé en désuétude.
Si nous appliquions à la lettre le principe que M. Tylor a appelé celui de la récurrence, c’est à cette dernière hypothèse que nous nous arrêterions le plus volontiers. Car des tribus fort éloignées, les Mitakoodi, ont un rituel d’initiation qui comporte une espèce de meurtre provisoire du candidat[1]. Les magiciens Mitakoodi sont initiés par les magiciens Goa (nom d’une tribu de la Diamantine supérieure), de même que, chez les Warramunga, c’est un Worgaia qui introduit le serpent magique. Le futur magicien fait à son maître, un Goa, un présent convenable. « On le met à mort, puis on le jette dans un trou d’eau pour quatre jours ; le cinquième on le retire ; on allume des feux tout autour de lui pour sécher tout à fait son corps, et en retirer toute l’eau ; on le rétablit ainsi en santé et en vie. C’est alors qu’on lui montre à se servir de l’os (os de mort magique qui sert aux envoûtements), et qu’on lui
- ↑ W. Roth, Ethn. Stud., p. 153 ; Superstition, p. 30. Différences insignifiantes entre les deux rédactions.