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citées plus haut, d’entamer une série d’actes graves, comme la guerre, en période commencée, laissent à penser que cette conclusion a été tirée en effet : on a pu craindre, en vertu de cette contamination fatale, le heurt d’actes contradictoires dans un même temps, non moins vivement que la rupture de sa continuité.

Ce qui est probable pour un moment quelconque d’une durée, ne peut l’être moins pour les moments caractéristiques de cette durée. La présomption est d’autant plus forte à cet égard, que les points critiques, qui définissent ladite durée, constituent des éléments essentiels de sa représentation. En fait, on accomplit, au commencement d’une période, des rites, rites prophylactiques[1], vœux[2], bénédictions[3], rites sympathiques qui valent pour toute la période[4]. Dans un autre ordre d’idées, les phénomènes qui se passent à cette heure décisive donnent des pronostics pour la durée qu’elle inaugure[5]. Le début engage la suite ; ce qui doit se produire dans toute l’étendue de cette durée est réalisé à son ouverture, tout au moins en représentation et réciproquement. La croyance à la persistance pour un temps défini des effets produits en un moment donné est le principe du déplacement des rites et de la concentration, sur des dates choisies, de ceux qui pourraient être indéfiniment répétés. Cette croyance tient donc une place importante dans les représentations de la magie et de la religion. Il leur est indifférent, en somme, que le rite soit accompli au début d’une durée ou dans toute sa longueur. La date

  1. A. Wuttke, Der deutsche Volksaberglaube, 75.
  2. A. Wuttke, l. l. ; Mannhardt, Germanische Mythen, p. 519 (L’heure du vœu revenant tous les sept jours, Islinsk aefintŷri, p. 44).
  3. A. Wuttke, l. l. ; Grimm, Deutsche Mythologie, 4e édit., t. III, p. 441, n. 197 ; cf. id., t. II, p. 563 sq.
  4. A. Wuttke, l. l. ; Sidney Hartland, The Legend of Perseus, t. II, p. 119, 125, etc. ; Pline, N. H., XXVIII, 260 ; cf. Martial, V, 29, 1 ; Hist. Aug., Alex. Sever., 38.
  5. A. Wuttke, l. l. ; Grimm, o. l., t. III, p. 446, n. 374 ; cf. Revue des traditions populaires, 1904, p. 22 ; Pineau, Revue des traditions populaires, 1904, p. 294. De Nore, Traditions des provinces de France, p. 263.