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Page:Hubert, Mauss - Mélanges d’histoire des religions, 1909.djvu/86

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cultes, ne sont pas sur l’autel lui-même, mais l’entourent[1]. Les contours de la vedi sont soigneusement dessinés sur le sol[2] : à cet effet, on prend une pelle (ou, dans d’autres cas, le sabre de bois magique) et on effleure légèrement la terre en disant : « Le méchant est tué[3]. » Toute impureté est ainsi détruite ; le cercle magique est tracé, la place est consacrée. Dans les limites ainsi marquées, on creuse le terrain et on le nivelle : c’est ce trou qui va constituer tout l’autel. Après une lustration, à la fois expiatoire et purificatoire, on recouvre le fond du trou de différentes sortes de gazons. C’est sur ce gazon que viennent s’asseoir les dieux auxquels s’adresse le sacrifice ; c’est là que, invisibles et présents, ils assistent à la cérémonie[4]. Nous n’insisterons pas sur les divers instruments[5] qui sont déposés sur l’autel[6] après avoir été ou fabriqués séance tenante ou

  1. Voir des plans du terrain dans Hillebrandt, N. V. O., p. 194, et Eggeling, S. B. E., XXIII fin.
  2. Elle est exactement mesurée, et prend les formes les plus diverses selon les sacrifices (Voir Hilleb., N. V. O., p. 47 sqq., p. 176, sqq. : Schwab, Thier., p. 13 sqq. — Thibaut, Baudhayana Çulbaparibhâṣa sûtra (in Pandit, Bénarès, IX, 1875). Dans le cas de notre sacrifice animal, il y a deux vedi, une qui est à peu près la vedi ordinaire, que nous décrivons dans le texte, et l’autre qui est surélevée (voy. Schwab, p. 14, 21), sur laquelle est un feu, qui est l’un des feux du sacrifice (Âp., VII, 7, 3. V. Schwab, p. 37). Mutatis mutandis, elles se construisent ou se creusent de la même façon.
  3. T. S., 1, 1, 9, 1, sqq. Les mantras expriment que les mauvais sorts sont écartés, que les dieux protègent de tous côtés la vedi. Ceux qui accompagnent l’élévation de l’uttarâ vedi expriment plutôt la seconde idées (T. S., 1, 2, 12, 2), surtout ceux qui accompagnent la lustration de l’autel construit.
  4. Dès le Ṛg veda, les dieux portent l’épithète « barhiṣadaḥ », ceux qui s’assoient sur la jonchée du sacrifice : Voir Grasmann, Wört. z. R. V., ad verbum. Cf. R. V., II, 3, 4 ; V, 31, 12 ; VI, 1, 10, etc.
  5. Voy. Schwab, op. cit., p. 11, 47. D’ordinaire les ustensiles sacrés d’un temple ne doivent pas sortir de ce temple. Ainsi, à Jérusalem, les couleaux étaient enfermés dans une cellule spéciale, celle des ḫalifoth : Voir Talm. J., Soucca, V, 8, Gem., Schwab, VI, p. 51 ; Middoth, IV, 7, Gem. ; Yoma, III, 8. — Certains sacrifices exigent une vaisselle spéciale et neuve, ainsi le sacrifice domestique de le Pâque : de même en Grèce, voir Paton, Cos, 38, 25 ; 39, 6. — Cf. Frazer, Gold. B., t. II, p. 107.
  6. Voir Schwab, p. 46, pour l’énumération de ces instruments. Âp. çr. sû., VII, 8. — Pour la purification, voir Schwab, no 35.