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subir à Adrien L…, accusé de vols d’église, une torture de cent huit heures[1] !

    5 heures [Ibid.] ; le 16 décembre 1775, à Wellen, Gérard C… et Jean L…, sommeurs, 6 heures [Ibid.] ; le 30 décembre 1777, à Wellen, François E…, sommeur, 6 heures [Ibid.] ; le 16 mai 1777, à Liège, Henri-Eustache S…, assassin, 6 heures [Reg. aux prisonn., fos 259-263] ; le 9 décembre 1777, à Liège, Pierre W…, incendiaire, 4 heures [Ibid., fos  255, 256] ; le 17 avril 1779, à Meldert, Guillaume Desmet, accusé d’incendie, 18 heures [Mém. justif. pour G. Desmet, pp. 5 et 54] ; le 21 mars 1786, à Munsterbilsen, François T…, voleur, 4 heures [Reg. de Munsterb.] ; le 19 avril 1780, à Munsterbilsen, Joseph F…, Mathieu A… et Nicolas F…, voleurs, 6 heures [Ibid.] ; le 29 novembre 1787, à Liège, Adrien V…, sommeur, 8 heures [Reg. aux prisonn., fo 299] ; le 7 mai 1793, à Wellen, Jean M…, sommeur, 4 heures [Reg. de Munsterb.] ; enfin, à Anvers, Philippe Mertens est torturé, le 3 juillet 1792, durant 7 heures ; le 5 juillet, 7 ½ heures ; le 9 août, 12 ¾ heures ; le 29 octobre, 1 ½ heure ; le 30 octobre, 1 heure ; le 31 octobre, 7 minutes, et le 2 novembre, 19 minutes, soit sept séances et un total de 30 heures de souffrances ! Et l’Écoutète ne jugeait pas cela suffisant : le 20 octobre, il avait demandé à la Vierschaere de pouvoir procéder à la question pendant dix-huit heures de suite ! Mais les forces de l’accusé étaient épuisées, et, le 30 octobre, il avoua au bout d’une heure de supplices, sauf à rétracter ses aveux dés qu’il fut détaché de la sellette.
    xx Les deux lettres inédites qui suivent sont édifiantes :

    « Le Prince de Kaunitz au Comte de Cobenzl.

    « On parle dans le précis d’une consulte du Conseil des Finances du 25 février dernier de criminels qui ont été appliqués à la question pendant quarante et quarante-trois heures de suite. Ceci paroit absolument contre l’humanité et me fait présumer, comme dans d’autres États où la question est admise, un temps limité pour sa durée. Votre Excellence se rappellera que je lui ai recommandé de s’occuper avec moi à la recherche des moyens d’abolir cette manière de tirer la vérité de la bouche des coupables. Je ne sais si nos juges trouveront la chose combinable avec notre système de la jurisprudence et procédure criminelle, mais, quand même la torture devroit être conservée, il semble toujours juste de limiter le temps de sa durée. Car sans cela il faut bien qu’à la longue l’innocent confesse ce qu’il n’a pas commis ou qu’il périsse dans les tourmens. Votre Excellence trouvera sans doute ces réflexions trop importantes pour ne pas chercher à remédier à ce qui les fait naitre. Je suis ut in litteris.

    Kaunitz-Ritzberg. »
    De Vienne, le 23 avril 1768.
    [Correspondance du Ministre plénipotentiaire à Bruxelles avec la chancellerie d’État à Vienne, n° 35]
    « Le Comte de Cobenzl au Prince de Kaunitz.

    « La question en ces païs-ci est terrible quoique peu douloureuse et j’ai vu des criminels l’essuier pendant presque cent heures. Le criminel est assis sur une croix de bois exactement appliquée près de l’épine du dos, près d’un petit feu, et enfin que son corps pèse perpendiculairement sur cette croix, on lui met un collier de bois avec des pointes qui est attaché aux quatre coins de la chambre, de façon que le moindre mouvement qu’il voudrait faire est empêché par ce collier ».

    De Bruxelles, le 2 may 1768.
    [Ibid., n° 123].

  1. Pétition de Charles van der Noot, du 30 juillet 1770, Conseil privé, carton 464.