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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/111

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bâtir une église. Cependant l’évêque n’avait pas de prêtres disponibles cette année-là pour remplacer l’abbé Dufrêne. L’abbé Beaubien d’Arichat va les secourir durant la belle saison, mais cela ne les contente point. Ils réitèrent leurs instances, supplient l’évêque, insistent auprès des missionnaires et finissent par recourir à des procédés répréhensibles dont se plaignent ces derniers : « Nous avons besoin d’un prêtre à l’année ; nous avons construit une église et un presbytère ; nous sommes prêts à payer toute notre dîme et plus si vous restez avec nous, mais, puisque vous venez quelques mois seulement, nous ne vous en donnerons qu’une partie. » En vérité, c’était bien mal raisonner. Ils ne voyaient que leur malheur et, ne comprenant pas que les besoins des autres chrétientés obligeaient tous et chacun à faire sa part de sacrifices, ils calculaient égoïstement leur plan.

L’abbé R. Gaulin qui remplaça monsieur Beaubien, et à qui il reprocha de lui avoir dit de trop belles choses des insulaires, fut fort scandalisé de cette manière de voir. Il écrit à l’évêque qu’il fut mal reçu par les habitants lorsqu’il leur eut dit qu’il n’était pas venu pour hiverner. « Tout ceci, je crois, vient de ce que monsieur Beaubien leur a trop répété que Votre Grandeur devait leur envoyer assurément cette année un missionnaire résident. Trompés dans leurs espérances, ils se laissent aller à des murmures indécents et disent qu’on les joue. » En même temps que cette lettre, Monseigneur Plessis en recevait une des habitants le suppliant de leur laisser monsieur Gaulin pour l’hiver suivant.

Le saint évêque de Québec eut été heureux de donner un prêtre résident à cette intéressante population, perdue au milieu du Golfe, mais, hélas, pas de prêtres disponibles. Enfin, cet été-là (1819), Monseigneur Panet trouva en l’abbé Madran le prêtre dévoué qui consentait à passer trois ans sur cet archipel si pauvre et si