Aller au contenu

Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 103 —

languir en attendant le terme de son supplice, l’abbé Bélanger, envoyé là pour un terme de trois ans, comme ses prédécesseurs, s’empressa d’écrire à son évêque, dès l’ouverture de la navigation, en 1842, pour lui demander un prolongement indéfini de séjour sur ces rivages. « Le temps passe avec une telle rapidité qu’il me semble que je viens d’arriver. Je compte ici des jours assez heureux. Je dois avouer cependant que c’est un peuple fort exigeant ; s’il donne un sou, il voudrait avoir un louis et un peu murmurer. Il faudrait faire suivant ses caprices. Si on renvoie un enfant de la première communion, « c’est comme ça qu’on gagne sa dîme, » dit-il sur la même lettre. En arrivant, il avait constaté que le champ avait besoin d’être travaillé ; il avait sondé toute la profondeur du mal à guérir ; il avait compris la misère et le découragement de ces pêcheurs, s’était attendri au récit de leurs malheurs ; et il avait voulu être leur ami, pour les faire marcher à sa suite, de progrès en progrès, comme le Christ sur les rivages de la Galilée. Il veut continuer la tâche vaillamment entreprise : il restera encore trois ans, encore six ans, et quand il partira ce sera pour accompagner ses fils spirituels sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador où ils iront chercher un refuge à leurs maux nouveaux.

Monseigneur Bernard McDonald, deuxième évêque de Charlottetown, visita les Îles en 1841 ; les habitants lui demandèrent un second missionnaire. Il leur répondit qu’il n’avait pas de prêtres disponibles mais que peut-être l’évêque de Québec pourrait encore lui venir en aide. En 1846, l’abbé Cajetan Miville-Deschênes vint desservir le Havre-aux-Maisons et le Cap-aux-Meules, avec résidence au premier endroit. Ce sont les deux derniers prêtres desservant les Îles, qui ont correspondu fréquemment avec l’archevêque de Québec.