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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/125

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leur fournirent des provisions, ils auraient cruellement souffert de la faim. (Renseignements fournis par Placide Vigneau qui les eut de Nelson Giasson, renseigné lui-même par Nazaire Cormier, ancien habitant du Havre-Aubert).

Sur la Côte-Nord

Avant de donner quelques détails sur l’émigration des Madelinots vers la Côte-Nord, il est bon de faire connaître la situation de cette partie du pays à cette époque. Depuis le cap Whittle jusqu’à Tadoussac, c’est-à-dire sur un parcours d’environ 300 milles, on ne rencontrait que les postes de la Compagnie de la Baie d’Hudson, tels que Port-Neuf, Bethsiamits, Godbout, Sept-Îles, Mingan, Natashquan, Masquaroo, etc. Les autres, de moindre importance, étaient des postes de pêche en été et de chasse en hiver. L’Honorable Compagnie avait aussi une ou plusieurs chaloupes armées pour faire la police le long des côtes. Pendant les années 1853 et 54, quelques firmes jersiaises, possédant des pêcheries dans la Baie des Chaleurs et autres localités des côtes gaspésiennes, fondèrent des établissements de pêche à Sheldrake, Rivière-au-Tonnerre, Longue-Pointe-de-Mingan et aux environs. Le bail de la Compagnie allait expirer, et les agents s’étaient considérablement relâchés de leur morgue insolente et de leur sévérité tyrannique envers ceux qui avaient la malencontreuse audace de s’aventurer sur leur domaine. Les Madelinots étaient de ceux-là.

Blanc-Sablon et ses alentours étaient habités depuis avant 1800 par les établissements de pêche des Jersiais : de Quetteville,[1] Le Brocy, le Boutillier, Syvret,

  1. De Quetteville faisait annuellement pour plus de cent mille piastres d’affaires, de chaque côté du détroit de Belle-Isle, depuis Mécatina, sur la Côte-Nord, jusqu’à la Baie des Isles, Terre-Neuve. Il fut ruiné vers 1873 dans le krach de la Banque Union, la principale banque de Jersey, dont il était l’un des premiers actionnaires.