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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/133

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Jusqu’en 1880, cette population s’accrut continuellement, car il n’y avait pas de perte. Les enfants se mariaient et s’établissaient autour de leurs parents. Mais voici les mauvaises années, le poisson qui manque, la misère qui s’en vient au triple galop ! Que faire ? Évidemment il faut encore transporter ses pénates ailleurs, mais où aller ? Retourner aux Îles ? Mais on en est parti parce qu’on n’y pouvait plus tenir !…

Dans la Beauce

En 1885, l’abbé Boutin, vicaire à Saint-Georges de Beauce, fut chargé de la desserte de onze missions sur la Côte-Nord, avec pied à terre à Notre-Dame-de Natashquan. En voyant ces pauvres pêcheurs plongés dans la misère, il eut l’excellente idée de travailler à les sortir de ce marasme. Il connaissait bien les plaines si fertiles de la Beauce et il savait que la place ne manquait pas pour de nouveaux colons. Il propose donc à ses gens d’aller s’établir sur des terres où ils deviendront cultivateurs. La perspective de posséder un lot et d’y vivre sans l’inquiétude harassante du pêcheur leur sourit. Le projet ébauché, il fallait l’approbation de Mgr Bossé, préfet apostolique du Golfe St-Laurent, et l’aide du gouvernement pour le réaliser. Cela s’obtint sans misère. Le premier ministre, l’hon. J. J. Ross, promit d’accorder des titres aux conditions ordinaires, d’aider à bâtir une maison en bois rond sur chaque lot et de nourrir les familles durant le premier hiver. Jusque là, c’était parfait, mais le moyen de transporter tout ce monde ? Le gouvernement de Québec ne voulant rien faire en ce sens, l’abbé Boutin s’adressa alors à Ottawa, et fut exaucé. Le Napoléon III, en revenant de desservir les phares du Golfe, conduirait tous ces futurs colons à Québec. La majorité des émigrants partit de Natashquan. « Avant de s’embarquer, ils entendirent tous la sainte messe puis se rendirent au