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Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/169

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La lame brisait à cet endroit à une hauteur de cent pieds. Sans la présence d’esprit et l’héroïque courage de Aimé Nadeau et James Cassidy qui virent venir à terre la Diploma, l’Ellen Woodward et l’Emma Rich, les équipages de ces navires auraient certainement péri. Ces deux héros descendirent le cap à l’aide d’une corde et, aidés du chien de Terre-Neuve de Cassidy, qui saisissait un à un les naufragés dans le ressac, ils purent opérer leur sauvetage et arracher à une mort certaine trente et une précieuses vies humaines. L’année suivante, le 18 juin, une seconde tempête vint fondre sur l’archipel. Ses ravages ne furent pas aussi considérables que la première, et pendant les quatre longs jours qu’elle dura, elle ne put mettre à la côte que deux goélettes, et balayer la plupart des filets et des engins de pêche qui étaient à la mer ». (F. de Saint Maurice, Promenades dans le Golfe, pp. 183-184).

L’année que les bâtiments ont fait côte
sur le Cap-Breton

Le voyage de Halifax fut toujours dangereux à cause des brumes et des récifs qu’on rencontre le long des côtes de la Nouvelle-Écosse. Avant l’établissement d’une ligne de cabotage desservie par un vapeur, tout le transport se faisait par les goélettes des Îles. Chaque automne, une flotte chargée de poisson partait pour Halifax d’où elle rapportait tout l’approvisionnement des insulaires. C’était le grand événement de la saison.

À la fin de novembre 1875, sept ou huit goélettes madelinotes larguèrent Halifax ensemble par un temps splendide. Elles furent encalminées[1] une partie de la journée. Vers le soir, le vent prit au sud-est, un petit vent léger qui fraîchit dans la nuit, mais rien de dangereux. C’était le bon vent : il n’y

  1. Encalmées chez les Madelinots.