Page:Hubert - Les Îles de la Madeleine et les Madelinots, 1926.djvu/27

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estions au norouaist, vng quart d’ouaist, dudit cap sainct Jehan dix-sept lieues et demye. Et lors que appareillames, le vent estoit norouaist, et fymes courrir au surouaist quinze lieues, et vynmes trouver trois isles, (les Îles aux Oiseaux) dont y en avoit deux petittes et acorez comme murailles, tellement que possible n’est de monter dessurs ; entre lesquelles y a vng petit forillon. Icelles isles estoient aussi plaines de ouaiseaux que vng pré de herbe, qui heirent au dedans d’icelles isles ; dont la plus-grande estoit plaine de margaulx, qui sont blancs, et plus-grans que ouays. Et en l’autre y en avoit paroillement, en vne partie quantité d’elle, et en l’autre, plaine de godez. Et au bas y avoit paroillement desdits godez, et des grans apponatz, qui sont paroilz de ceulx de l’isle, dont est cy davant faict mencion. Nous descendismes au bas de la plus petite, et tuames de godez et de apponatz, plus de mille, et en prinmes, en noz barques, ce que nous en vouillinmes. L’on y eust chargé, en vne heure trante icelles barques. Nous nommames icelles isles, isles de Margaulx. À cinq lieues desdites isles estoit l’autre isle, (Brion à dix milles et trois quarts vers l’ouest) à ouaist d’elles, qui a environ deux lieues de long et autant de leise, (guère plus de quatre milles de longueur par un de largeur). Nous y fumes posez pour la nuyt, pour avoir des eaux et du bouays à feu. Icelle isle est rangée de sablons, et beau fons, et possaige à l’antour d’elle à seix et à sept brassez. Cestedite Ille est la meilleure terre que nous ayons veu, car vng arpant d’icelle terre vault mielx que toute la Terre Neufve. Nous la trouvames plaine de beaulx arbres, prairies, champs de blé sauvaige, et de poys en fleurs, aussi espès et aussi beaulx, que je vis oncques en Bretaigne, queulx sembloict y avoir esté semé par laboureux. Il y a force grouaiseliers, frassiers et rossez de